comme vous le savez (ou pas), j'ai été littéralement stoppé en 2012 dans mes élans motocyclistes par un berlingot qui a freiné un peu fort au moment ou j'étais un peu près. Bref, après 1 an d'hosto et centre de rééducation, j'ai commencé à reprendre une vie à peu près normale. (pour les problèmes psychiques, ils étaient préexistants, ceux qui me connaissent le savent bien)
Bref, si il n'a jamais été question ne serait-ce qu'une seconde d'arrêter la moto, j'ai mis un certain temps à remonter en selle, tout simplement parce que je n'estimais pas le moment venu.
Et puis, un peu par hasard, j'ai eu vent d'une des deux plus belles moto du monde (nb : voir le titre) en vente à un prix correct. Vu que j'avais plié l'une des deux, je me devais de tester l'autre. J'ai donc sauté dessus comme la misère sur le monde, le voilà le moment de remonter en selle !
Histoire d'assurer un peu, j'ai pris 2 jours avant 2h de circu avec ma moto école, sous une bonne grosse drache du nord. La nostalgie d'une voix rauque qui gueule dans l'oreillette sans doute...
Après quelques ajustements d'ordre technique, j'ai décidé d'aller chercher la belle à Belfort. Comme mine de rien ça fait 600 bornes, j'étais accompagné de mon cousin, frappadingue et motard de son état, ainsi que de Mme Tigrou et Mme Frappadingue.
Arrivée le samedi soir chez le futur-ex proprio (qui souhaite conserver l'anonymat, hein Pascalito ?) pour un apéro-visite de moto.
Visuellement, elle est impeccable. "Ah mais nan, attend, y'a plein de défauts, regarde là, la peinture du moteur cloque là où elle est pas visible, et pis y'a une vis de la plaque du pot qui est abîmée". Bah c'est tout pour la liste des défauts. Je récupère une première main parfaitement entretenue.
Malgré son kilométrage respectable (pas loin de 130000 bornes quand même), elle démarre et tourne comme une horloge suisse (ou comtoise, vu la région). Bon, bah si à ce kilométrage elle tourne comme ça, pas besoin de l'essayer. S'en suivent moultes photos et récits de voyage, elle a vu du pays la bestiole. Et pris quelques gamelles, mais reste au top. Sans compter le (gros) carton de pièces à récupérer. Je me dis que l'espoir naif de sangler toutes les pièces sur la selle et rentrer tout seul semblait effectivement peu réaliste.
Je passerai pudiquement sur l'absence d'alcool à l'apéro qui a suivi, passons tout de suite au lendemain pour la récupération de la moto. Après paiement en bouts de papier qui valent quelque chose (contrairement aux chèques de certains), c'est avec un gros soupir que le maintenant ex-propriétaire signe les papiers. Ayé, j'ai mon nouveau jouet
Dernières photos souvenir, et en route mauvaise troupe.
Et là... c'est magique. Le moteur est on ne peut plus agréable, plein à souhait, dans un bruit qui n'a rien à envier à une porsche. Ca renâcle légèrement sous les 3000 tours.
Mes copilotes ont le bon goût de passer par des petites routes au départ, plutôt que de passer direct par l'autoroute.
J'en profite, bien évidemment, malgré la route humide, pour prendre en main la bête. Ca répond bien, ça freine correctement, et ça tient le pavé, malgré une légère dérive en virage sur routes détrempées. Faut dire que le vent, copieux, n'aide pas.
Une fois la bête et le pilote en température, je m'amuse à chaque insertion, sortie de rond-point, etc, à partir comme une balle. Bizarrement, il y a des gros morceaux de popaul à l'intérieur, alors que ma sprint, qui est sensée avoir le même moteur que popaul, me fait beaucoup moins cette impression.
Et là, c'est la révélation. Depuis mon carton, il y avait un avant, et un après mon accident. Après quelques kilomètres de tbs (à qui il va falloir que je trouve une surnom), la fracture dans ma vie a disparu. Le carton est juste un mauvais moment, mais la vie continue. Remonter sur une moto ne me fait pas plus étrange que d'essayer une moto que je ne connais pas encore. Et ça fait un bien fou de se rendre compte de ça.
Après 1h de route, et après avoir lâché mon poisson pilote pour vidanger ma vessie (ranafout' de mes appels de phare), le frappadingue et copilote me demande, inocemment, si à tout hasard j'aurais pas envie de me réchauffer dans la bagnole pendant qu'il prend le relais. Histoire de pas se taper que de l'autoroute. Magnanime, j'accepte. Cet inconditionnel du mono reconnaîtra même, devant témoin, que le moteur est vraiment exceptionnel, et qu'il veut le même avec marqué mono dessus.
Les relais s'enchaînent ensuite, toutes les heures environ, au gré des pauses carburant et pipi. La bête tête un petit 6l/100, un peu plus sur la première section autoroute ou le vent était vraiment très fort, et de face, pour le reste, passage en réserve (donc 11l de bouffés) vers 200 bornes.
Il va falloir me résoudre à poser mes autocollants sur le casque, il parait qu'on me voit très mal de derrière la nuit. Pour le reste, rien à redire, selle moelleuse à souhait (ça donne envie de monter sur la selle à l'arrêt pour bouquiner), le moteur est formidable (je ne trouve pas d'autre mot, faut essayer), l'ergonomie est bonne.
Je ne l'ai, pour l'instant, reprise qu'une fois depuis que je l'ai ramenée (bon, ça fait une semaine), mais je compte bien profiter des prochaines (brèves) accalmies.
C'était Tigrou, en direct de dans sa tête, où il y a vraiment beaucoup de monde, à vous les studios.
Super récit. Je suis content pour toi, Tigrou, que toute cette histoire se termine comme ça !! 
